Il s’était levé tôt ce matin-là. Ça ne lui ressemblait pas vraiment, lui qui avait toujours eu du mal à se réveiller le matin se rendormant toujours une fois assis sur sa chaise, puis la tête dans son bol de céréales. Il avait déjeuné rapidement et avait filé à toute allure avec sa chaise roulante vers l’épicerie. Ça faisait bien quelques jours qu’il n’avait pas passé du temps avec Katja vu qu’elle était assez occupé avec son travail – en tout cas, c’est la raison que son père lui avait donné – il comptait bien passer du temps avec elle à l’heure du dîner! Après être passé à la caisse il fila droit vers l’Agence Badstories. Une fois sur place, il fila voir la secrétaire, et mit ses mains sur le comptoir - il était si haut qu’il n’arrivait pas à voir par-dessus – il toussota en faisant un petit signe de la main à la dame de l’autre côté du comptoir.

- My sorry! Eh! I wanted to know if Madame Eriksen was the present. Oh and I am the sorry... Hi! *

La dame fit un téléphone, et se redressa pour lui parler :

- Non, elle n’est pas là, elle est en congé. Désolé.

Il jeta un regard dépité au dîner qu’il avait acheté, remercia la dame et pivota sur sa chaise. Il sentit distinctement la partie métallique qui soutenait ses jambes venait de cogner quelqu’un en plein sur le tibia. Il sursauta et releva les yeux vers l’étranger en disant avec un lourd accent :

- Désolé!

* Ce qu'il voulait dire: Mes excuses. Euh. Je voulais savoir si Madame Eriksen était là aujourd'hui! Oh et désolé... Bonjour!

Jamie releva les yeux vers l’homme, les deux mains plaquées sur sa bouche visiblement désolé. Il fronça un de ses sourcils en entendant les marmonnements de ce dernier, alors qu’il ne s’agissait clairement pas de l’anglais. Avec un peu de chance, il parlait peut-être une autre langue avec laquelle il était beaucoup plus à l’aise que l’anglais! Le grand brun devant lui s’apaisa un peu, juste assez pour ne pas envoyer son poing dans sa figure ou de l’injurier à en juger par son regard meurtrier. Un peu intimidé, il joua un peu avec son piercing sur sa lèvre inférieure avec ses dents.

- Vous cherchiez quelque chose ?

Jamie pencha légèrement la tête sur le côté, visiblement en train de réfléchir au sens de la question. Il hésita et bredouilla :

- Non, je regarde le rien.. ? * dit-il avec une certaine appréhension, alors qu’il trouvait sa question un peu étrange.

Après c’était un peu bizarre de sa part qu’il lui demande s’il regardait quelque chose… Il fronça du nez penseur avant de s’exclamer :

- Oh! Je faisais le cherche de ma mère…! Mais elle est dans le congé.


* Au lien de comprendre: “ Are you looking for something ” il a compris: “ are you looking AT something? ”

Jamie haussa des sourcils en reconnaissant sa langue maternelle. L’air un peu hébété, il dévisagea l’homme avant de sourire de toutes ses dents l’air enfantin. Il hocha de la tête, sans abandonner son sourire nigaud.

- Ouais! dit-il en penchant la tête sur le côté face à l’autre question.

Ça l’intéressait? Ben, dans un sens ils étaient tout de même collègues, vu qu’il s’agissait clairement d’un Phantom de par son costume noir. Avec un peu de chance, c’était un ami de sa mère c’était peut-être même elle qui lui avait appris le français qui sait:

- Katja! Elle travaille pour euh. Comme publicité là.

Il releva les yeux vers le haut en diagonale, perdu dans ses pensées avant de lancer en ricanant :

- Pas comme publicité, mais tu sais? C’est assez cocasse de l’imaginer sur le bord de l’autoroute en costume non?

Jamie observa l’homme de la tête aux pieds sans trop se gêner, il ne put s’empêcher de jalouser son costume de Phantoms qui, avouons-le, avait vraiment du panache. Être aussi large d’épaule, il aurait peut-être songé à devenir un Phantom. Quoiqu’il imaginait déjà Elvio s’hérisser de la tête aux pieds en le voyant. La pensée le fit un peu sourire, profitant de la petite seconde de silence pour divaguer dans son esprit. Mais l’homme se remit rapidement à parler le questionnant sur le nom de sa mère. Il n’avait jamais vraiment compris le ton rempli de crainte que les gens avaient l’habitude d’employer quand ils parlaient d’elle. Un peu plus et il imaginait les gens de l’agence la surnommer comme le seigneur des ténèbres. Il ricana dans sa tête en s’imaginant déjà rentrer et demander à Shaili si « Tu-sais-qui » ou « Celle-dont-on-ne-peut-pas-prononcer-le-nom » était là :

- Euh, oui c’est elle! dit-il dans un petit sourire poli.